Un projet européen
 
Dans le cadre de la Commémoration, en 2005, du soixantième anniversaire de la libération des camps de déportation, le Théâtre de l’Utopie avec le soutien actif de l’Association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation et de l’Association pour la mémoire des camps de Dora Ellrich & Kommandos, a décidé de porter à la scène le texte De l’enfer à la lune que Jean-Pierre Thiercelin lui a confié. Patrick Collet en sera le metteur en scène et la compagnie, le producteur délégué.
Le spectacle sera créé en janvier 2005 à La Rochelle et fera l’objet tout au long de l’année d’une première diffusion dans toute la France avec le soutien actif des délégations régionales de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.
Les autres temps forts seront, au printemps 2005, les représentations qui auront lieu à la Coupole/Centre d’Histoire et de Mémoire à St Omer et une série de représentations en Allemagne et en Belgique. Une autre série de représentations est également envisagée à Paris au cours de l’automne 2005.
Le spectacle De l’enfer à la lune est propice au dialogue entre les témoins survivants et le public, et offre aux jeunes européens une occasion de débattre sur de grands thèmes de leur histoire commune.
Les représentations seront largement ouvertes aux publics scolaires, avec le souci de s’adresser en priorité à ceux issus de milieux défavorisés, parfois moins informés de la teneur de ces événements.
Deux expositions itinérantes sont proposées en parallèle, l’une sur l’histoire de la construction des fusées V1 et V2, l’autre, Images de Dora, qui montre le «quotidien» des prisonniers de ce camp.
L’ensemble de ce projet est un vecteur de connaissance et de sauvegarde du patrimoine culturel de cette période clé de l’Histoire des peuples d’Europe
 

Le devoir de mémoire a ses pièges. La mémoire doit être un instrument de réflexion, pas de légitimation. Sinon, il y a détournement d’héritage...
 
  François Maspéro

 

 
 
La pièce

 
Dernières décennies du vingtième siècle. Une scène de théâtre vide. Etienne, Georges, Denise et Robert attendent l’heure de la cérémonie annuelle. Durant la Seconde Guerre mondiale, ils furent résistants, puis déportés en camp de concentration. Constat un peu désabusé sur ces rituels du souvenir.
Ils sont rejoints par Françoise et François, enfants de Denise et Robert. Reproches et ironie des enfants sur cette histoire que leurs aînés n’ont pas su raconter et dont ils n’ont pas toujours su tirer les leçons dans leur vie « d’après »…
Comment raconter cette histoire « indicible »?
Peut-être en partant d’un souvenir d’enfant, un arbre de Noël qui devient le sapin planté sur la place d’appel du camp de concentration de Dora
le 24 décembre 1944…
Le ton est donné pour tenter de raconter sur scène, sous un double regard, une « scandaleuse histoire » impossible à raconter…
Celle de la déportation mais aussi celle de Dora, camp des armes secrètes d’Hitler, volontairement « oublié » afin que 25 000 morts ne fassent pas d’ombre à la carrière de Wernher von Braun devenu héros américain de la conquête spatiale…
Raconter en jouant à jouer, comme les enfants, comme les clowns, comme les acteurs…
Raconter des choses graves avec humour, dérision et émotion, dans un plaisir de théâtre totalement assumé.

Jean-Pierre Thiercelin

 
 
L'auteur

 
De l’enfer à la lune, autre voyage-mémoire, c’est un pan de l’histoire de son père, aujourd’hui disparu, qu’il met en lumière. En préambule à ce travail de mémoire, il livre une petite genèse personnelle et quelques sujets de réflexion :
« Un matin de juillet 1944, à Châteauneuf sur Loire, Robert est arrêté sur dénonciation par la Gestapo, ainsi que la totalité des membres du réseau de résistance local affilié à Libération Nord.. Après une incarcération à Fresnes, il est déporté en Allemagne par le dernier convoi parti de Paris le 15 août, au moment même où Paris commence à se libérer... Ce sera le « grand voyage » et puis Buchenwald, Dora, Ellrich, trois camps et leurs kommandos liés par une sinistre histoire commune. Robert survivra et réussira, au cours des « marches de la mort », à s’échapper de la colonne d’évacuation. Avec ses compagnons d’évasion, il rejoint les lignes alliées, au cours d’une rocambolesque aventure. Il est rapatrié à Paris en mai 45, dans un pays qui pense à autre chose... Il retrouve sa famille, sa femme, trés vite un bébé s’annonce... La vie continue...
Cette histoire est probablement semblable à des centaines d’autres de la même époque.
Mais Robert, c’est mon père et le bébé, c’est moi.
Mon histoire rejoint l’Histoire.
Dans l’histoire de la déportation, Dora fut le dernier
« grand camp » du régime nazi. Août 1943 / Avril 1945 : 25 000 morts. C’est aussi paradoxalement un des moins connus.
Pourquoi ?..
Parler de Dora, c’est raconter une scandaleuse histoire dans laquelle une des plus belles réussites scientifiques prend naissance sur un charnier sciemment oublié.
L’an 2005 marquera le soixantième anniversaire de la libération des camps de concentration. Cet anniversaire, plus que d’autres se situe dans un temps relais où, comme dit Supervielle, à propos de l’âme, « la mémoire change de chevaux »... Mais aussi un temps où les jeunes générations européennes interrogent avec avidité, à la fois témoins-survivants et historiens pour tenter de comprendre l’histoire contemporaine ».
 
 

 
 
Avant la scène

Pourquoi mettre en scène, précisément 60 ans après, la double histoire de Dora ?
Là-haut, le ciel est désert.
Regardez la lune.
Quand vous connaîtrez l’histoire de Dora, vous ne la verrez plus de la même façon et « le petit pas de l’homme sur la lune, le grand pas pour l’humanité », vous apparaîtra comme une sinistre fable.
Ici-bas, c’est le temps de Dora, nous vivons toujours le temps des assassins.
Dans des lieux improbables, les témoins sont debout.
Devant eux, les enfants.
Les témoins parlent, et quand ils font silence, nous prenons le relais.
Alors, commence le dur, le nécessaire et l’urgent travail de la mémoire.
Je mets en scène cette mémoire-là pour ceux qui ne savent pas, pour ceux qui ont oublié, pour ceux qui ne veulent pas savoir.
Jean-Pierre Thiercelin écrit De l’enfer à la lune  avec exactitude, respect et fidélité au temps vécu de Dora.
Il invente un jeu à la manière des enfants pour aller au bout de la mémoire, pour nous dire l’effroyable temps de Dora.
Ses personnages retrouvent les gestes, les mots, les regards.
Ils expriment, ils exposent, ils dévoilent au grand jour ce que nous ne savons pas, ce que nous n’avons pas appris, ce qui nous a été caché.
Soixante ans après la libération des camps, les portes de l’enfer sur la terre ne se referment pas.
Le travail de la mémoire est un combat car la vie que l’on dit belle, aux quatre coins du monde, est en sursis.
Voilà pourquoi je reçois la pièce de Jean-Pierre Thiercelin comme une nécessité pour nous-mêmes et pour ceux qui viendront après nous.
Pour ma part, sous le règne des cyniques, je travaille contre le temps des assassins, je travaille pour un soulèvement de la vie.
 
Patrick Collet - printemps 2004

 
 
La première de la pièce a été jouée à La Rochelle le 27 Janvier 2005, pour une semaine de représentations.
Résultats, jusqu'à ce jour, la pièce a accueilli 4.800 spectateurs et a été représentée entre autres en Allemagne pour les cérémonies officielles de la libération du camp. Elle a été acceuillie dans de nombreuses villes françaises telles Saint Dizier, Cholet, Troyes... et bien sûr Paris au théâtre du Gymnase Marie Bell le 12 décembre 2005 où plus de 700 spectateurs étaient venus applaudir la pièce.
La pièce est publiée en français et en allemand aux éditions de l'Amandier (Pour toute commande:  editionsdelamandier@wanadoo.fr  )
 
Les objectifs de la pièce
 
- Transmettre l'histoire des déportations dans leur ensemble,
- Faire connaître l'histoire des armes V2, l'histoire de Vernher Von Braun et ainsi l'origine de la conquête de l'espace par l'homme,
- Sensibiliser le maximum de spectateurs possible, et en particulier les jeunes générations,
- Apporter du plaisir aux spectateurs par le rire, et transmettre des émotions durant les moments les plus intenses.
 
 
Les partenaires

Depuis la création de la pièce de théâtre, l'association a fait appel à plusieurs organismes qui ont chacun un rôle dans l'aboutissement de ce projet :
Le théâtre de l'utopie
Les Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation - AFMD -
La Fondation pour la Mémoire de la Déportation - FMD -
La Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives - DMPA -