La création de Jügend Für Dora
 
 
 
   A partir du 18 juin, date symbole de l'année 1990, une suite d'événements aboutirait à transformer ma haine et mon mépris de l'Allemagne et du peuple allemand.
 
   Cette même année, le Présidents Français François Mitterand avait décidé d'inviter à l'Elysée les représentants des Comités Internationaux des Camps de Concentration.
 
   Ils sétaient constitués peu après la fin de la guerre pour les Camps Auschwitz, Buria-Monovetz, Buchenwald, Dachau, Mauthausen, Nerrengamme, Natzweiler-Struthof, Ravensbrück, Sachenhausen.
 
   Il n'y en avait pas pour les camps de Doran Elrrich, Harjungen et d'autre Kommandos.
 
   Avec l'accord de Jean Mialet, du belge Albert Van Haye, du hollandais Albert Van Dijk, je rédigeai et déposai les statuts d'un comité international. Il prit le nom de Comité Européen Dora, Ellrich et Kommandos (K°) pour la mémoire.
 
   Ils avaient pour but selon les objets du Comité Européen notamment : la sauvegarde des vestiges de Dora, plaques commémoratives, emplacements des cendres des fours crématoires, fosées communes, tombes... au besoin leur amélioration.
 
   Dans ce Comité jexerçai la fonction de secrétaire général. Cette décision me mit dans l'obligation de retourner en Allemagne ce qui était contraire à ma décision d'y retourner un jour.
 
   Ma haine envers ce pays et son peuple résultait en grande partie de ma participation en 1937 au congrès de Nuremberg, aux journées des Hitlerjüngend et à celles des allemands de l'étranger.
 
   Ma présence dans la tribune officielle à quelques mètres d'Hitler et de ses acolytes était due à Fraulein Goering, la soeur du maréchal.
 
   Professeur de son état, celle ci organisait chaque année avec un collègue français le professeur Delbès des échanges d'élèves. C'est ainsi que parjure avec moi-même je fus amené à aller en Allemagne au sein de voyages collectifs.
 
   En avril 1995 dans la plaine en vis-à-vis des entrées du tunnel de Dora, une grande tente avait été dréssé. Les participants déportés, familles et autres pouvaient y prendre le repas qui leur était offert. Sur une vaste estrade intervenait qui le souhaitait, musiciens, chanteurs ou autres.
 
   Imprésionné par la présence de jeunes et par l'attention particulière qu'ils parlaient aux déportés, j'eus l'idée de leur proposé par un appel au micro de se constituer en Association pour perpétuer le souvenir de cette période tragique quand nous aurons disparus. Ils seront les témoins des témoins.
 
   Suite à cette appel, Dorothéa August prit le micro et invita les jeunes présents à se joindre à elle.
 
   Dans une lettre en date du 23 juin, Dorothéa m'écrit qu'elle a réussi à regrouper quelques jeunes de 15 à 35 ans principallement d'Allemagne.
 
   En septembre, je fus amené à l'encourager à poursuivre son action. Lorsque j'avais constitué le Comité Européen, nous n'étions que 5 au départ. Elle peut mesurer ce que nous avons depuis réalisé. D'ailleurs, je m'engageais à ce que de jeunes français rejoigne son association.
 
   En 1996, Dorothéa August ecrit à Jean Mialet la devise retenue pour notre association : " Se Souvenir pour l'Avenir".
 
   En 2005 l'association de Dorothéa est toujours vivante. Si ici je ne nomme pas tous les jeunes qui l'ont épaulés, c'est que je crains d'en oublier.
 
   En 1997, Jean mialet éditait un livre intitulé la Haine et le pardon. Grâce à Dorothéa, j'ai rejoins, ainsi que l'avait Jean Mialet en 1997 exturpé la haine en moi et pardonné à ceux des allemands qui se sont trompés et le reconnaissent.
 
   Par un étonnant hasard il vient d'être édité en allemand le livre de Jean Mialet.
 
Jacques Brun
 
 

 
 
 
Présentation
 
 
 
"Jugend für Dora" (JFD) est une petite association d'étudiants et de jeunes adultes de la région de Nordhausen. Elle a vu le jour pendant le 50ème anniversaire en 1995 à DORA : grâce au soutien et à l'attachement des anciens déportés, l'un d'entre eux ce jour-là a scellé le projet avec une jeune fille d'Ellrich aujourd'hui dans la vie active. En Août 2005 Jugend für Dora, qu'elle continue d'animer, a fêté ses dix ans.
 
Leur raison d'être est, dans une grande amitié partagée, l'élaboration et la transmission de la Mémoire à toutes les générations, et spécialement la plus jeune dont ils font partie. Pour l'élaboration, ils vont, tout au long de l'année, poursuivre des recherches dans les archives du Mémorial de DORA, ou sur les sites du Camp et de ses Kommandos. Pour la transmission, ils vont organiser des rencontres, des voyages,… et publier des brochures qui rendent compte de leurs travaux.

Depuis quelques années (2002) ils abordent les questions d'aujourd'hui telles que la tolérance, la xénophobie,… et cherchent à les relier à leur travail sur la Mémoire en se plaçant à différents niveaux : la personne, la communauté (village), la société dans son ensemble.
 
Depuis 1996, JFD organise en Août un camp d'été international d'une dizaine de jours avec des étudiants de toute l'Europe. Chaque année a un thème de travail différent : exhumer des vestiges de blocks, recenser les blocks de Dora, baliser (avec de grands "mobiles" qui n'ont donc pas pu rester) les limites du Camp d'Ellrich,… En 2003, le camp d'été a tracé sur les trottoirs de Nordhausen trois "lignes roses" partant de trois quartiers périphériques de la ville et convergeant vers le Mémorial du Cimetière d'Honneur de la Boelcke-Kaserne. Selon leur âge, les passants qui les voyaient faire avaient des réactions bien différentes !… élaboration et transmission…

L'après midi, on va se promener un peu, et le soir, à l'Auberge de Jeunesse, concours de cuisines régionales européennes, chansons,…
 
Sur dix ans, JFD fait trois voyages en France :
L'été 1999 ils ont visité à Wizernes "La Coupole", en Normandie les sites du Débarquement et le Mémorial de Caen, enfin Paris.

Fin Septembre 2003, une quinzaine d'entre eux ont visité le Sud-Est sur les thèmes de la résistance des maquis, des filières d'évasion vers l'Espagne,… : Grenoble et le Vercors, le Camp des Milles à Aix en Provence, et Marseille : les rafles de Juifs, la destruction du Vieux Port, le Débarquement de Provence…

En Mai 2004, ils étaient douze à visiter le Mémorial de Natzweiler / Struthof en Alsace, et la ligne Maginot.
 
Depuis ses débuts, JFD poursuit l'interview d'anciens déportés à Mittelbau-Dora de l'Europe entière. L'entretien révèle la vie quotidienne du camp de concentration, l'horreur, la mort ; mais aussi les différentes façons de la résistance des détenus.

Parmi ces anciens, ils en ont rencontré beaucoup originaires de l'Europe de l'Est. Leurs témoignages ont aussi évoqué la guerre sur ce front de l'Est, les conditions de l'occupation allemande qui a gravement affecté toutes les familles.

Mais en définitive, le plus important était bien - est encore - d'avoir la chance de faire leur connaissance, de passer un peu de temps avec eux les survivants, de leur parler et qu'ils nous parlent !

Ces dernières années, les projets sont devenus de plus en plus complexes pour la recherche des structures et de l'histoire de la guerre en général, et des liens avec les problèmes sociaux d'aujourd'hui.

Dans cet esprit, JFD a organisé en 2002 un Séminaire "être inconnu - ou étranger - à Ellrich". Sur l'exemple de la petite ville d'Ellrich, on a parlé et discuté de la vie quotidienne d'une personne déplacée, réfugiée ou seulement immigrée, dans une petite ville allemande ; quelle connaissance la population a-t-elle de ces situations et quelle attention y porte-t-elle ? quelles dispositions devrait-on prendre au niveau du village, ou du Land, pour favoriser une meilleure intégration ?

JFD a repris le travail avec un deuxième séminaire en Août 2004, année où faute de support financier, le camp d'été n'avait pas pu avoir lieu.

La réflexion d'ensemble sur ces thèmes a été rassemblée pendant le camp de cet été 2005 qui était aussi le 10ème anniversaire de l'Association. JFD, avec des participants de toute l'Europe, a écrit monté, et joué le 27 Août, dans la grande salle du nouveau Mémorial de DORA un mime de 45 minutes, "THE PRESENT" : depuis l'innocence de la naissance, l'homme se structure progressivement ; comment le citoyen va-t-il changer - ou ne pas changer - quand lui est transmise la Mémoire des camps de concentration ?
 
Nous souhaitons une longue route à Jugend für Dora !
 
 
Contact JFD pour l'Amicale : Philippe Reyx